Grandville - Je séparerai l’ivraie du bon grain (Jésus cht.) Victor Hippolyte Delaporte, Eugene Hippolyte Forest

La Caricature morale, religieuse, littéraire et scénique (Group title)
Planche HT parue dans La Caricature morale, religieuse, littéraire et scénique, volume 2, 6 octobre 1831, (Planche n°98)
Inscription - Titre en bas au centre : « Je séparerai l’ivraie du bon grain (Jésus cht.) » ; indications : en ht au centre : « La Caricature (Journal) », en ht à dte : « N°98. »
Inscription - Dans la lettre : « Lith. de Delaporte » [imprimeur], « On s’abonne chez Aubert, galerie Véro Dodat. » [éditeur] ; dans l’image, en bas vers le centre, signature : « Grandville / et Forest » [Jean-Jacques Grandville, dessinateur, et Eugène Forest, lithographe]
Inscription - D’autres étiquettes portant les inscriptions : « CONSTITUTIONNEL » (le journal), « Messager / des Chambres », « Conseil / d’état », « Journal / des / DÉBATS », « Statistiques » sur le papier échappé par un homme encore dans le panier ; sur la sphère représentant la terre, quelques repères géographiques : « FRANCE », « PAR […] [PARIS] », « ALLEMAGNE », « Rhin », « ESPAGNE »…
Une Marianne géante portant le bonnet phrygien marche sur une représentation de la terre, et sépare les bons éléments du gouvernement des mauvais, lesquels, tenant entre leurs mains des papiers où figurent des épisodes dans lesquels ils se sont illustrés (ou en tout cas, qui ont retenu l’attention des caricaturistes), sont violemment projetés hors du panier et voltigent dans les airs. Certains tentent de s’accrocher au panier, tel Louis-Philippe par exemple. On peut également reconnaître, en train de chuter : Guizot s’accrochant à son « Histoire de la // Révolution // d’Angleterre » et sa « Doctrine », Lobau portant des sacs d’or, chevauchant une seringue à clystère (en rapport avec la répression avec des lances à incendie en mai 1831) et accompagné d’un « aide // de // camp » (Lobau avait reçu ce titre ainsi que de l’argent en récompense de sa dispersion des manifestants), Keratry vu de dos tenant « le dernier des // beaumanoirs » (ouvrage qu’il a écrit) , Thiers, avec son « Histoire // de la // Révolution » (ouvrage qu’il a écrit), Ganneron « le fabricant // de // chandelles », Dupin et son « éloge des // gendarmes », Barthe « carbonaro » (référence à son passé), Soult et sa « défe[…] [défense de ] Toulouse », Etienne qui a écrit « Les // Deux // Gendres », Périer et son « opposition // pendant // 15 ans », Sébastiani et son principe de « non // intervention » (référence à la non-intervention de la France dans les affaires de Belgique et de Pologne), Schonen et son « compliment // à un // moutard // royal » (cf. pl. 93 du numéro 46), Persil, Lameth et sa « demande // aux // vieilles // filles », Mignet, un homme accroché à son chevalet de peintre (Decamps, qui aurait reçu de l’argent de la part du gouvernement pour qu’il arrête son activité de caricaturiste ?), Viennet enveloppé dans son « épître au […] [aux] // chiffonni […] chiffonniers] » et son « Ode aux // mules de // miguel » (deux ouvrages qu’il a écrits) … et enfin Prunelle, Madier de Montjau « tombés si bas, si bas, qu’on ne peut plus les voir ! » (in explication). On voit que des membres du gouvernement actuel, la pl. n’en fait rester aucun : nul bon grain, uniquement de l’ivraie, dont la pl. voudrait débarrasser la France. Le titre, en se référant aux paroles du Christ, confère une tonalité sacrée à la mission que la France va devoir accomplir. La pl. se place en juge du bon et du mauvais. Sur l’idée du triage, cf. pl. 305 (numéro 146 ; 22 août 1833).